XXe siècle, le développement industriel et la guerre du vin

La fin du XIXe et le début du XXe siècle sont marqués par la révolution industrielle et le développement des progrès technologiques.

La ligne de chemin de fer entre Montpellier et Alès est tracée, la gare de Saint-Christol est ouverte en 1882. La circulation des personnes et des marchandises devient plus facile.

La viticulture se développe. La production augmente régulièrement et atteint 25 millions d’hectolitres pour une population de 20 millions d’habitants. Le vignoble méridional se place en tête de la production mondiale. Saint-Christol commerce avec la région parisienne, le Centre et le Lyonnais.

Mais une série de calamités va s’abattre sur la viticulture et remettre en cause son devenir :

  • En 1837, la pyrale constitue un sérieux danger

  • En 1850, l’oïdium atteint une grande partie du vignoble mais il est arrêté par le soufre

  • Vers 1880, le phylloxera vastatrix détruit toutes les vignes et ruinent les vignerons

Après la destruction quasi-totale du vignoble, il y n’y a plus assez de vins, ce qui encourage la fraude et la fabrication de produits frelatés. Par exemple, on fait deux vins avec la même récolte : sur le marc, on ajoute de l’eau et du sucre et on fait fermenter. C’est ce que l’on appelle la "piquette".

A cause des vins frelatés et des importations massives de vins algériens, la misère s’installe dans le Languedoc. Les vignerons sont au bord de la famine. Le Midi en crise ne trouve pas de solutions à ses problèmes. La misère s’accroît et va déboucher sur un vif mouvement de contestation. Marcellin Albert, vigneron audois, prend la tête de la "révolte des gueux".


© Association culturelle archéologique de paléontologique ouest biterrois

A partir du printemps 1907, les rassemblements vont se multiplier. On compte 80.000 manifestants à Narbonne, puis 120.000 à Béziers, 220.000 à Carcassonne, 300.000 à Nîmes et enfin 600.000 à Montpellier le 9 juin. Le 19 juin, Ernest Ferroul, maire de Narbonne et instigateur de l’insurrection est jeté en prison. Les fusils de Clémenceau crachent le feu : 6 morts et plusieurs dizaines de blessés. On assassine le Languedoc, la viticulture est en deuil.


© Extrait de "L’Hérault dans l’Histoire" (Editions Aldacom)

Le 17e régiment d’infanterie composé de nombreux enfants du pays est envoyé à Béziers pour mater la révolte. Mais, les soldats fraternisent avec les manifestants et se mutinent pour éviter d’avoir à tirer sur la foule. Les politiques sont dans l’embarras.

Le 23 juin, à Paris, Marcellin Albert rencontre Clémenceau qui retourne la situation en abusant de sa crédulité politique. Il lui remet un sauf-conduit et 100 francs pour reprendre le train. Naïveté ou trahison ? Toujours est-il que Marcellin Albert est discrédité et échappe de peu à un lynchage quelques jours après.

Fin juin, Jean Jaurès analyse la révolte : "On a pu d’abord n’y prendre garde, c’était le Midi... On s’imagine que c’est le pays des paroles vaines". Clémenceau fait voter quelques lois pour apaiser les esprits et donner satisfaction à certaines revendications des viticulteurs. Les cours du vin remontent légèrement.

Mais il faut soigner la vigne, abandonnée depuis plusieurs mois. Les viticulteurs reprennent le travail par la force des choses. Et la révolte s’estompe…

Pendant ce temps, le progrès technique poursuit sa marche. A Saint-Christol, on démonte les lanternes à pétrole et on installe le premier éclairage électrique public en 1910. D’autre part, les travaux d’alimentation en eau potable commencent : On fore un puits communal à Prédaïau en 1913. La source de la Font d’Aube alimente les fontaines de Saint-Christol dès 1914.