Si vous ne respectez pas la procédure du permis de construire, vous êtes en situation irrégulière et risquez des sanctions. Elles sont définies par l’article L480-4 du Code de l’urbanisme. Dans les 6 ans qui suivent la construction, votre responsabilité pénale peut être engagée (amende ou prison). Le délai est étendu jusqu’à 10 ans pour la responsabilité civile (dommages et intérêts). Pour rappel, la justice pénale réprimande les délits et les infractions, la justice civile répare les préjudices et dédommage les victimes.
- Les sanctions pénales sont très lourdes. Elles s’élèvent entre 1200 et 6000 euros par m2. Soit entre 24 000 et 120 000 euros pour une construction illégale de 20 m2. Dans certains cas, une amende fixe de 300 000 euros peut être délivrée. Il faut savoir que tous les acteurs qui ont participé à la construction sans permis sont concernés par ces sanctions : particulier, maçon, architecte, couvreur, etc. Un propriétaire bailleur peut lui aussi être poursuivi, même si c’est son locataire qui est à l’origine de la construction. En cas de récidive, 6 mois de prison peuvent être prononcés par le juge.
- Les sanctions civiles sont plus légères. Elles prennent la forme de dommages et intérêts. Le tribunal judiciaire peut être saisi par la commune ou le voisinage. Une construction illégale est considérée comme un préjudice. Des sanctions fiscales peuvent aussi venir s’ajouter pour régulariser les taxes impayées pendant plusieurs années.
Le juge peut ordonner la démolition de la construction. Dans le meilleur des cas, il peut se contenter d’exiger une mise en conformité
- Vous venez d’achever une construction ?
Il n’existe aucune procédure spéciale pour la légaliser après-coup. Il faut déposer une demande de permis de construire en précisant qu’il s’agit d’une régularisation. Il est possible que votre commune fasse preuve de souplesse et n’engage pas de poursuite pour vous pénaliser. Il faudra cependant indiquer dans votre demande les renseignements qui correspondent parfaitement aux travaux réalisés. Si la demande est acceptée, considérez-vous comme chanceux, vous êtes tiré d’affaire ! En revanche, si votre construction illégale ne respecte pas les règles d’urbanisme en vigueur… Alors vous devrez mettre le bâtiment en conformité ou le démolir. Pour connaître les règles d’urbanisme qui vous concernent, consultez le PLU de la parcelle cadastrale concernée (demande en mairie). - Vous souhaitez régulariser un bâtiment qui a plus de 10 ans ?
Le délai de prescription est passé et vous ne pouvez plus être poursuivi au pénal ou au civil. Mais attention, cela ne signifie pas que votre construction est légale. Comme elle n’existe pas officiellement, vous éprouverez des difficultés à demander des autorisations de travaux (modification de façade par exemple). Il faudrait qu’elle soit au moins cadastrée. Pour cela, ce n’est pas le service de l’urbanisme qu’il faut contacter, mais directement le service du cadastre auquel vous êtes rattaché. Si le cadastre accepte de reconnaître votre construction, vous pourrez amorcer un dialogue avec les services de l’urbanisme plus facilement.
Un bâtiment non cadastré peut faire l’objet d’une vente immobilière : le notaire vous met au courant de la situation irrégulière de la construction. La vente d’un bâtiment, même illégal, doit passer par un notaire. Mais là aussi, il n’en est pas légal pour autant !
L’acquéreur d’un bien immobilier non cadastré ne peut pas faire l’objet de poursuites pénales, mais sa responsabilité civile peut être engagée. La menace de démolition plane encore au-dessus de votre tête. Alors que faire ?
Faut-il absolument renoncer à l’achat d’un bâtiment illégal ?
La solution la moins risquée consiste à inscrire la régularisation du bâtiment comme condition suspensive au compromis de vente. La vente est bloquée en votre faveur, mais vous pouvez vous retirer si la régularisation n’aboutit pas.
Il faut savoir qu’un bâtiment illégal ne peut pas être considéré comme un bâtiment à usage d’habitation. Un hangar agricole rénové en petite maison non plus n’est pas un bâtiment à usage d’habitation, même s’il est très confortable (il faudrait faire un changement de destination). Faites très attention aux informations que vous partagez à votre assureur. Le plus sûr, c’est de ne rien cacher.
Si la construction illégale est une extension non déclarée, l’indemnisation de l’assurance a de grandes chances d’être impactée en cas de sinistre (incendie, inondation, tempête…).
La modification de la configuration d’un logement peut engendrer une hausse du coût de l’assurance habitation. Là aussi, c’est une situation irrégulière qui risque de vous causer des ennuis le jour où vous avez besoin de votre assureur.
Conclusion :
Un dépôt de permis de construire n’est pas une démarche administrative anodine. Construire sans permis risque fort de poser problème un jour ou l’autre. Un bâtiment illégal évolue dans une insécurité permanente. Il sera difficile à assurer ou à rénover. Il risque même la démolition à tout instant. Les sanctions financières pour le propriétaire et les professionnels qui ont participé à sa construction peuvent être lourdes. Bref, les inconvénients sont nombreux.
Source : avocats picovschi